Le prix Pierre Guénin contre l’homophobie, cette année, c’était un peu L’École des fans:

• 2 gagnants ex aequo (on se croirait au César du meilleur espoir féminin), dont l’un, Louis Nicollin, est récompensé pour avoir, après des années d’homophobie ordinaire, participé au clip de Paris Foot Gay, et l’autre, Virginie Despentes, «pour son engagement sans faille pour la visibilité des lesbiennes et l’affirmation des femmes dans toute leur autonomie» (j’aurais plutôt dit «soutien» qu’engagement, personnellement, mais bon…). Rappelons que les lauréat-e-s précédent-e-s étaient Le Baiser de la Lune, de Sébastien Watel, et Hélène Mandroux pour son engagement (on peut le dire) en faveur de l’égalité des droits;
• un prix d’honneur à la seule association en lice, Calem;
• un prix «de l’homophobie salement revendiquée» à Christian Vanneste pour saluer l’action du chanteur Monis, lui aussi en course.

Le seul à ne rien avoir reçu, finalement, c’est Sébastien Chenu, secrétaire national de l’UMP et co-auteur de la tribune publiée en novembre dernier sur lexpress.fr et demandant l’ouverture du mariage à tous les couples (l’article sur Yagg: Six secrétaires nationaux de l’UMP demandent que l’ouverture du mariage figure dans le programme du candidat Nicolas Sarkozy).

Quid de Catherine Quéré et de sa proposition de loi sur les délais de prescription? De Patrick Bloche et de sa proposition de loi visant à ouvrir le mariage à tous les couples? De celles et ceux qui, à l’UMP, comme Henriette Martinez ou Franck Riester, ont soutenu le texte, contre l’avis de leur parti? De Franck Riester (encore lui) ou Chenva Tieu, qui ont récemment fait leur coming-out? De la ville de Strasbourg qui a aidé l’ouverture du centre LGBTQI La Station? Les candidat-e-s ne manquaient pas qui auraient donné un peu plus d’éclat à ce prix, qui, selon le communiqué de presse, récompense «une personne, un groupe de personnes ou un projet qui a particulièrement contribué à la lutte contre l’homophobie et l’avancée des droits LGBT au cours de l’année passée».

Si l’agacement est si grand devant ces résultats, c’est parce qu’en quelques années, le prix Pierre Guénin contre l’homophobie est devenu important. Outre la reconnaissance qu’il représente pour celles et ceux qui luttent activement contre l’homophobie, il permet de soutenir financièrement ces actions, puisqu’il est doté de 4000 euros (cette année, les 2 lauréat-e-s désigneront chacun-e une association, la dotation sera donc coupée en deux).

Mais pourquoi ne pas avoir participé aux délibérations, me rétorqueront sans doute celles et ceux qui auront remarqué mon nom dans la liste des membres du jury? Tout simplement parce que l’organisation m’a oubliée et ne m’a prévenue que le jour même (j’ai une vie privée, je ne pouvais pas me libérer à la dernière minute). C’est donc ça, alors? L’amertume d’avoir été zappée? Bah non. S’il y a une chose que je peux comprendre, c’est que l’on soit débordé. Et quand on est débordé, on a beau faire des listes, on oublie des trucs. Je sais de quoi je parle.

Pas d’amertume, donc, mais un immense regret. Le prix Pierre Guénin et les militant-e-s valent mieux que la livraison de cette année.

À lire sur Yagg: Le prix Pierre Guénin 2012 récompense Louis Nicollin et Virginie Despentes

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