«Monstres Academy», sympa mais pas monstrueux (et un peu lesbien)

Il faut décidément cesser d’attendre des films Pixar qu’ils proposent différents niveaux de lecture, comme «avant». Une fois ce fait accepté, l’esprit est libre d’apprécier Monstres Academy à sa juste valeur. Parce qu’un Pixar, même moyen, c’est toujours un petit plaisir. Alors ne le boudons pas.

D’abord parce que retrouver Bob (Mike en VO) et Sulli, ça fait drôlement plaisir. On ne sait pas très bien à quoi sert la 3D, mais ça n’a pas vraiment d’importance. On découvre les deux compères au sortir de l’adolescence, quand l’un tente d’atteindre ses rêves et l’autre d’être à la hauteur de la réputation familiale. Évidemment ils se détestent au premier regard. Mais se retrouvent à devoir apprendre à se connaître s’ils veulent avoir une chance de réussir, que ce soit à l’université (d’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi le film s’appelle Monstres Academy en français et Monsters University en anglais, avec des passages de l’un à l’autre dans la VF…) ou dans la vie. Premier message du film: l’union fait la force, et quelles que soient les circonstances, on rencontre même parfois celui qui deviendra son meilleur ami, au passage.

Deuxième message: il faut croire en soi. Ce n’est pas parce qu’on est mou, ou gentil, ou rigolo qu’on ne peut pas être un monstre tout à fait effrayant. La différence est une chance si l’on sait l’utiliser. On a tous des talents cachés.

Un peu simpliste et manichéen, mais pas désagréable dans ce monde de brutes. Ajoutez à cela que le film a été produit par une lesbienne, Kori Rae (Là-Haut, Les Indestructibles, Monstres et Compagnie), mariée à une autre productrice de Pixar, Darla K. Anderson (Cars, 1001 pattes, Toy Story 3).

kori rae darla anderson-academy-awards-Deborah Coleman - Pixar

Elles ont accordé la semaine dernière une interview pleine de fierté au SF Gate, juste après la décision de la Cour suprême sur DOMA, depuis le Japon où elles se trouvaient pour la tournée de promotion de Monstres Academy. Où elles racontent qu’elles sont en couple depuis 2001 et la fin de la production de Monstres et Compagnie (mais elles se sont rencontrées bien avant, en 1991, lorsque Darla a harcelé Kori pour qu’elle la laisse intégrer l’équipe de softball dont elle s’occupait alors qu’il n’y restait plus de place).

«Je pensais devoir quitter le film, et j’étais prête à quitter la compagnie aussi, explique Kori. On en a parlé. Mais ils ont été formidables. Ils ont dit, “Bien sûr que non. Vous formez une super équipe de production. Nous adorerions que vous continuiez de travailler ensemble.”»

Elles ont néanmoins choisi de ne pas travailler ensemble sur Monstres Academy, pour préserver leur relation.

Elles se sont mariées deux fois à San Francisco, la première en 2004 quand tout a commencé, la seconde en 2008 avant l’adoption de Prop 8. Leurs ami.e.s, dont Steve Jobs, leur en ont pas mal voulu de n’avoir prévenu personne qu’elles allaient se marier, lors de la première cérémonie. Et pour cause, elles n’avaient pas prévu de le faire, elles ont saisi l’occasion, fait la queue sous la pluie devant la mairie, pris le couple suivant comme témoins. En 2008, elles comptaient faire une grande fête, mais la drag queen qui les aidait à remplir leur dossier leur a dit, «Allez-y, je serai votre témoin, finissez-en». «C’est devenu une blague, quand la drag queen vous dit de vous marier, vous vous mariez», raconte Darla, qui précise qu’elles n’ont toujours pas fait leur grande fête.

Retrouvez Darla et Kori dans la vidéo It Gets Better de Pixar:

Si le lecteur ne s’affiche pas, cliquez sur «‪It Gets Better» — Love, Pixar‬

Monstres Academy, de Dan Scanlon, avec Billy Crystal, John Goodman, Helen Mirren, Sean Hayes, Jennifer Tilly, Nathan Fillion… ou Eric Métayer, Xavier Fagnon, Jamel Debbouze, Catherine Deneuve…

Photos The Walt Disney Company France (Monstres Academy) / Deborah Coleman/Pixar (Kori et Darla)

6 comments

  1. Autant “Monstres et compagnie” était l’un de mes Pixar préférés, autant la bande-annonce de “Monstres Académie” m’a fait très, très peur (involontairement)… Du coup ce sera sans moi.
    Déception aussi, avec le titre de ton billet je pensais qu’il y aurait des lesbiennes dans le film ou au moins des allusions LGBT-friendly… il va encore falloir attendre :-/

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  2. +1 Djahaï
    Les Pixars, c’est vraiment plus ce que c’était…Go to hell Disney!!
    Je l’ai vu mercredi soir. Eh bien, je suis vraiment déçue. Il est trèèèèès loin du premier. Mon meileur ami l’a aimé et ma nièce (9 ans) n’a pas ri une seule fois, je me demande si elle a compris un seul des quelques gags.
    Non, décidément, Pixar n’est plus une référence qu’en matière de qualité “plastique” de l’animation (l’eau du lac est magnifiquement rendue).

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